Un "Juno" pour Julie

Impressionnante percée québécoise à la très "canadian" remise des Juno Awards à Toronto dernièrement. Les prix remis à Céline Dion, qui fait fureur non seulement au Canada anglais mais aussi aux États-Unis, étaient presque attendus. Mais l'adorable Julie Masse a causé une certaine surprise en se voyant proclamée "interprète féminine la plus prometteuse". Un bel honneur. Un prix qui lui ouvre aujourd'hui bien grandes les portes d'un nouveau marché.

De retour au bercail, Julie Masse a eu quelques jours pour se remettre de ses émotions. Son trophée est toujours à Toronto (gravure du nom de la gagnante oblige). Là-bas, Julie a vécu de fortes sensations.

"Je viens de regarder le vidéo de l'émission. Mon prix m'a été remis lors de la cérémonie hors d'ondes, mais lorsque Céline m'a présentée à la télé en tant que gagnante... J'ai ressenti tout un feeling. Rendue en avant, j'en ai tremblé un coup... Très énervant, mais un "bon" énervement", de raconter la chanteuse.

La sensation est-elle différente que celle ressentie lors de ses belles victoires au gala de l'ADISQ?
C'est le même feeling... avec neuf provinces de plus," dit-elle en rigolant.

Des trophées, des honneurs individuels, les murs et étagères de la cave de son gérant Serge Brouillette devront en déborder bien des fois pour que Julie Masse change sa façon de concevoir, non seulement son métier, mais sa vie en général. Elle est bien sûr tout à fait ravie de recevoir tant d'accolades, mais pas au point de ne pas garder les pieds sur terre. Le Juno, c'est une belle fleur et ça ne change pas le monde, mais... Doit-on s'attendre à une percée prochaine de Julie Masse sur le marché anglophone?
"Ça ne change pas craiment les plans puisque mon gérant travaille sur ce projet depuis plusieurs mois. Mais ça confirme que nous sommes sur une bonne voie, que nous nous dirigeons dans la bonne direction. Il y a deux ans, je chantais une chanson en anglais durant mes spectacles et les gens me disaient alors que c'était bon, que je devrais faire une album en anglais. Moi je répondais: un instant! On se calme. Je ne me sentais pas prête".

Prête ou pas prête... elle y va! Julie Masse poursuit sa série de spectacles à travers la province (au Spectrum pour trois représentations les 17 et 18 avril, auxquelles peuvent assister les fans de tous les âges, les boissons alcoolisées n'étant disponibles qu'aux 18 ans et plus, et le Théâtre Capitole à Québec, les 21 et 22 avril) etfera le tour de plusieurs festivals durant l'été. Au programme, un cours d'anglais intensif et un cours d'interprétation en anglais.

"Je me débrouille déjà pas mal bien, mais je tiens à acquérir plus de vocabulaire, à jouer avec les expressions, apprendre le langage courant. J'ai du travail à faire, mais je ne pars pas à zéro".

Dépassée par les événements, Julie Masse? Une blague ou quoi! Elle est d'un calme assez renversant, apprécie l'instant présent et garde les visées futures, les espoirs ou désirs pour... l'avenir. Elle a hâte de chanter en anglais, de rencontrer les gens du Canada, n'est absolument pas induiète du fait qu'elle soit désormais "attendue" dans les provinces anglophones. Mais d'où vient donc cette assurances, cet éternel optimisme?
"Je ne sais pas si ça vient de ma mère ou de mon père. Des deux probablement. Ça vient de mon éducation. Je vis au jour le jour, je ne planifie pas trop et je prends les choses comme elle viennent".

Et les rêves?
"Je rêve de faire des gros spectacles, devant 20,000 personnes. Je trippe au maximum lorsque je chante devant 500 ou 1000 personnes, j'imagine que devant 20,000... Je rêve d'un spectacle avec de gros moyens financiers. Des shows à la Michael Jackson. Je rêve de voyager partout, de voir le Pérou, l'Équateur," rêve-t-elle tout haut.

Son gérant magasine. Fort. Il cherche des chansons. Des perles. En français, mais aussi en anglais. Des décisions importantes se prendront prochainement. Serge Brouillette, qui travaille avec Julie depuis ses tout débuts, n'en revient pas de l'intérêt qu'a suscité le passage de sa protégée à Toronto pour les Juno. Semblerait que Julie est très attendue. Inquiétant?
"Je n,ai pas peur. répond-elle du tac au tac et en ayant aucunement l'air de chercher à se convaincre. Nous allons procéder de la même façon; en choisissant des textes et des chansons qui, d'abord et avant tout, me font tripper. Je n'ai jamais travaillé en fonction des autres, en pensant, en me demandant si les gens allaient aimer ou pas. Je fais ce que j'aime faire et ça plaît au public. Tant mieux".

Une question de temps. De mois, peut-être d'années. Mais le nom de Julie Masse retentira éventuellement dans la langue de Shakespeare. Un plaisir ce sera d'entendre les anglos essayer de prononcer correctement...

Echos Vedettes, Vol. 31, No 13
27 mars au 2 avril 1993