"Corey est l'homme de ma vie"

"Entre Corey et moi, ça n'a pas été un coup de foudre. Nous avons d'abord été amis puis amoureux. Notre enfant est la plus belle chose qui puisse nous arriver."

Fin novembre, nous rencontrions une Julie Masse resplendissante. Sereine et calme, détendue autant qu'heureuse. Une femme épanouie. La semaine dernière, nous avions rendez-vous au même endroit, dans la même pièce. Mais quelque chose avait changé. Cette petite lueur qui magnifie des yeux déjà brillants. Cette flamme qui réchauffe le coeur en rejaillissant sur un être. Elle n'a jamais été aussi belle, et pour cause! À la fin de l'été, elle et Corey Hart, l'homme de sa vie, embrasseront leur premier enfant.

Julie a toujours été particulièrement discrète au sujet de sa vie privée. Elle préserve son intimité avec jalousie Elle n'est pas non plus femme à blesser ses proches. Aussi, lorsque des rumeurs commencent à circuler, elle préfère donner l'heure juste. Qu'en est-il de son divorce et de sa relation avec Sylvain Brault? Et cet enfant qu'elle et Corey Hart attendent et dont elle n'a pas encore parlé? Avec simplicité, Julie nous a reçus pour faire le point. Et elle n'a pas triché.

TOURNER LA PAGE

Depuis notre dernier entretien, en l'espace de quelques mois, il s'est passé énormément de choses, autant dans votre vie professionnelle que personnelle.
Effectivement. À la suite du lancement de l'album Circle of One, j'ai été appelée à voyager partout à travers le Canada afin d'en faire la promotion. On m'a moins vue au Québec, mais je n'ai jamais arrêté de travailler pour autant.

En novembre, Sylvain Brault et vous étiez séparés, mais le divorce n'avait pas encore été prononcé. Est-ce maintenant chose faite?
Oui, absolument. Nous en parlions depuis un certain temps, mais je tenais à respecter son rythme. Or, Sylvain n'était pas encore prêt. Il n'était pas question de bousculer quiconque ou quoi que ce soit.

Cette démarche vous a-t-elle permis de tourner la page et de pouvoir regarder vers l'avant?
Oui. Je crois que c'est un processus normal. Toutefois, je n'ai pas ressenti de soulagement. C'était comme s'il avait fallu couper le dernier lien qui nous unissait. De toute façon, c'était inévitable. Nous devions absolument nous respecter dans cette démarche et ne pas nous faire mal. C'est encore difficile pour lui, mais le plus dur est maintenant chose du passé.

Avez-vous conservé des liens?
Nous ne nous parlons pas fréquemment, mais régulièrement. Je considère comme primordial de lui dire certaines choses avant qu'il les apprenne par les journaux, par exemple.

Vous avez vécu certaines épreuves ces dernières années. Je pense au décès de votre père et à votre divorce. Ces événements ont-ils contribué à vous faire grandir?
Oui. Je pense avoir identifié les vraies valeurs auxquelles je crois et qui m'importent. La mort de mon père a été le déclencheur de ce cheminement. Je me suis rendu compte à quel point la vie est fragile. J'en suis consciente autant pour moi que pour les gens que j'aime. Mes amis et ma famille sont plus importants que jamais. J'essaie d'être attentive à toutes les vibrations que je sens en moi et autour de moi.

J'imagine que votre rencontre avec Corey a été déterminante.
Oui, Il m'a beaucoup appris. Il m'a aidée dans mon cheminement. Entre nous deux, il y a d'abord eu un respect réciproque. Puis, une grande amitié et une complicité se sont développées. L'amour n'est pas né du jour au lendemain. Ça n'a pas été un coup de foudre ni un coup de tête.

Avant Corey, aviez-vous déjà songé à avoir des enfants?
Oui, J'ai toujours su que j'allais en avoir. J'ai toujours été près des enfants. Quand j'étais plus jeune, je ne me faisais jamais prier pour garder des bambins. Ce besoin d'avoir un enfant est toujours difficile à expliquer. Un jour, on sait que le moment est arrivé, parce que tout converge vers ça. Les choses vont alors de soi.

Et ce beau moment est arrivé.
Oui. Et je suis à l'aise d'en parler. Après tout, comment pourrais-je maintenant le cacher avec mon ventre et mon visage ronds? J'attends un enfant à la fin de l'été et je me dois de le confirmer. Ne serait-ce que par respect envers le public.

LE FRUIT DE L'AMOUR

Pourquoi avoir attendu ce jour avant d'en parler?
Parce que je ne suis pas la seule personne en cause. Je voulais bien sûr apprendre la nouvelle à Sylvain avant même que les rumeurs commencent à circuler. Je voulais aussi partager ces moments avec ma famille, celle de Corey et nos proches. J'ai toujours senti une responsabilité face à mon entourage et au public.

Au-delà des transformations physiques, il y a vos yeux qui ne mentent pas.
Oui, c'est vrai. (Rires) Et tout mon visage, aussi. On dirait que je souris constamment. Je trouve les femmes enceintes tellement belles; elles sont radieuses. Je sens une étincelle dans mes yeux qui traduit mieux que tous les mots du monde le bonheur et l'état de grâce que je vis. Donner la vie est une chose merveilleuse; c'est un véritable don du ciel. Je le sens de tout mon être.

Comment votre grossesse se déroule-t-elle?
À vrai dire, je ne me suis jamais aussi bien portée. J'ai toujours fait attention à moi et cette attitude favorise le bon déroulement des choses, autant pour moi que pour le bébé. Je n'ai aucune nausée ni symptômes désagréables. Je dors comme... un bébé. (Rires) J'avoue cependant que j'avais certaines craintes, parce que ma belle-soeur a eu une première grossesse plutôt difficile. Dans mon cas, il n'en est rien.

Une telle décision change bien des choses dans une vie. Corey et vous semblez vivre un grand amour.
C'est effectivement un choix lourd de conséquences, autant pour soi que pour le couple. Mais je suis certaine d'une chose: Corey est l'homme de ma vie. Notre amour se vit au quotidien et nous ne nous imaginons pas dans 5 ou 10 ans. Il y a des signes qui ne mentent pas et je crois qu'il est essentiel de suivre son instinct et de rester ouvert à ce que la vie nous apporte.

Est-il question de mariage entre vous?
Non. Chacun de nous a vécu des épreuves depuis quelques années et il faut nous donner du temps.

Ces événements favorisent un amour fort qui a toutes les chances de durer.
Absolument. Nous comprenions très bien ce que chacun vivait et ç'a créé des liens très serrés. De mon côté, j'éprouvais de la culpabilité face à Sylvain, et Corey le comprenait mieux que personne. Je me sentais responsable du destin d'une personne que j'avais beaucoup aimée et il m'a aidée à m'accepter. Il m'a toujours soutenue et j'en ai fait autant pour lui.

Ressentez-vous encore ce sentiment de culpabilité?
Ce n'est pas aussi simple que ça. Je ne peux répondre par un oui ou par un non. Je sais que ça fait toujours quelque chose à Sylvain lorsqu'il me voit à la télé ou que je lui parle. Je comprends; il faut toujours un certain temps avant que les blessures se cicatrisent. Mais je suis en paix avec mes décisions.

Quelle est la chose la plus importante dans tout ça?
D'abord se respecter et ne pas perdre confiance en soi. Il s'agit de suivre son destin et de toujours garder en tête ce qui est bon pour soi. Nous avons une petite flamme en nous qui nous dit ce qui est bien ou moins bien. J'ai une amie qui a peut-être trop attendu avant de mettre fin à sa relation. Depuis deux ans, elle savait très bien quoi faire, mais hésitait. Elle a peut-être perdu un peu de temps ou passé à côté de quelque chose de merveilleux...

LA FOI EN L'AMOUR

Il s'agira de votre premier enfant. Souhaitez-vous en avoir plus d'un?
J'ai toujours pensé en voir deux, trois ou peut-être quatre. J'espère en avoir beaucoup. Nous sommes trois dans la famille et j'aurais même souhaité avoir d'autres frères et soeurs. Plus une famille est nombreuse, plus les enfants sont stimulés. C'est toutefois moins drôle pour les parents! (Rires) Commençons par un premier et... nous verrons par la suite!

Savez-vous si vous donnerez naissance à un garçon ou fille?
Non et je ne sais pas si je voudrais l'apprendre. Je n'ai pas vraiment de préférence. Tout ce que nous souhaitons, c'est d'avoir un enfant en santé. Le reste importe peu. Quant à savoir s'il sera élevé en anglais ou en français, cela se fera naturellement. Nous sommes parfaitement bilingues et j'imagine que notre enfant le sera également.

Quel genre de mère croyez-vous que vous serez?
Au départ, je me disais que je ne serais pas mère poule, mais plus ça va, moins j'en suis convaincue. (Rires) C'est peut-être la fibre matemelle que j'ai en moi qui me fait dire ça. Je me vois embrasser ma petite nièce ou prendre mon petit filleul de quatre mois dans mes bras et ça me fait dire que je serai sans doute très «câlineuse».

Avez-vous déjà commensé à faire des achats et à aménager la chambre de bébé?
Pas encore. Dans un premier temps, je ne serais pas passée inaperçue et... les rumeurs auraient trop rapidement circulé! Il était aussi très important que nos anciens conjoints l'apprennent par nous et qu'ils acceptent cette nouvelle réalité. D'autre part, tant que mon ventre ne s'est pas mis à grossir, je ne me rendais pas vraiment compte que j'attendais un enfant. Et, de toute façon, je préférais attendre que la période critique des premiers mois soit passée avant d'en parler ouvertement. C'était aussi capital de me faire un petit cocon.

Vous avez toujours été très proche de votre mère. Depuis l'annonce de l'heureuse nouvelle, vous êtes-vous rapprochées davantage?
Nous avons toujours été très liées, dans les moments difficiles comme dans les événements heureux. Évidemment, elle a sauté de joie quand je lui ai appris la nouvelle, parce qu'elle sait à quel point j'espérais ce jour. Nous nous téléphonons tous les jours et elle est d'une aide précieuse. Je me sens bien entourée. Tous sont heureux et partagent mon bonheur. Leur énergie rejaillit sur moi.

Croyez-vous qu'avoir un enfant est la plus belle preuve d'amour entre un homme et une femme?
Je suis convaincue que l'enfant que nous aurons sera la plus belle chose qui soit. L'enfant que je porte est une fort belle preuve de notre amour. Je souhaite avoir une relation qui durera aussi longtemps que je vivrai. Je regarde des couples âgés autour de moi et ils sont tellement beaux que ça me donne le goût de faire de même. Ça me fait croire que c'est possible.

Même après un divorce, vous continuez d'y croire?
Oui, parce que je ne me mets pas de barrières. Cela dit, je ne sais quelle femme je serai dans deux ans. Tout est possible. Nous avons énormément confiance en nous et en notre amour. La communication est excellente. Une relation se travaille et il ne faut rien tenir pour acquis. On ne peut bien sûr changer les valeurs d'une personne, mais il est important de se parler. Ce sont souvent les plus petits détails qui finissent par user un couple.

Corey est-il votre meilleur ami?
Oui. Il faut que la personne avec laquelle on désire faire sa vie le soit. Personnellement, j'ai le réflexe de me tourner spontanément vers Corey lorsque j'ai besoin de me confier, que ce soit pour partager mes joies ou mes peines. Nous avons d'abord été amis, puis amoureux. Notre enfant est la plus belle chose qui puisse nous arriver.

le Lundi, 21 avril 1995, Vol 19 No 13