Le roman d'amour de Corey Hart et Julie Masse

Un couple se dirige avec deux enfants et une énorme poussette remplie de paquets vers l'entrée d'un hôtel. La femme porte un bébé dans ses bras; l'homme, chargé comme un mulet, pousse la voiture d'enfant d'une main et tient de l'autre la menotte d'une petite, qui doit bien avoir deux ou trois ans. Ils rappellent un peu la famille Fenouillard en voyage. Ils s'engouffrent tous dans l'ascenseur de l'hôtel, et il ne reste plus dans le hall élégant que des cadres et des hommes d'affaires en complets-veston, un cellulaire en poche, l'air distrait. Je cherche du regard un agent artistique, que je m'attends à voir en queue de cheval et vêtu d'une paire de jeans ainsi que d'un t-shirt. Ça y est, je l'aperçois mais il n'a pas de queue de cheval. Il tient un agenda et quelques compacts; ça ne peut être que Bruce, le responsable de la tournée internationale de Corey Hart.

"Bonjour! me dit-il. Avez-vous vu passer un couple avec des enfants et des paquets? Oui? Ah! ils sont donc arrivés. Nous allons nous installer dans un petit salon pour l'entrevue avec Corey. Julie et les enfants nous rejoindront plus tard."

Le chanteur ne se fait pas attendre

Il n'a pas une once d'arrogance, et son charme opère instantanément. ses yeux sont petits, mais ils sont si intelligents et si vifs qu'ils sont ce qui frappe le plus dans son beau visage. Est-il timide, réserv ou méfiant? Ce qui est sûr, en tout cas, c'est qu'il n'est pas très chaud pour tout ce qui concerne les relations publiques. Lui qu'on a longtemps vu en spectacle et sur les affiches avec une tête de rebelle et les cheveux en bataille a maintenant une coiffure romantique, qui adoucit ses traits.

Corey est très attachant et n'a pas du tout l'attitude d'une superstar internationale. Dieu sait pourtant qu'il a connu la gloire: il a vendu 10 millions d'albums dans le monde, et neuf de ses chansons ont figuré au palmarès Billboard entre 1984 et 1988. Est-ce parce qu'il a été au creux de la vague pendant les années 90 qu'il est devenu si philosophe, si cool?

"Tout ce qui est superficiel ne m'a jamais attiré", dit-il.

Après avoir coupé les ponts avec le monde du disque et du spectacle pendant 11 ans et fait le deuil de son premier amour, Érika, il a rencontré Julie Masse. Entre eux, la passion a flambé, et leur vie a changé de cap. Julie a abondonné sa carrière, alors que Corey a repris du poil de la bête. Ils ont eu deux filles splendides, India (trois ans et quatre mois) et Dante (neuf mois et demi), qui sont devenues leur priorité. Jamais superstar n'aura fait à ce point l'éloge de la vie quotidienne!

"L'amour de Julie et de mes enfants m'importe pus que le succès et l'argent", dit Corey.

Corey, Julie et toi devez vraiment être très unis pour partager chaque instant comme vous le faites.
Oui. Nous suivons le chemin qui nous convient: nous trouvons important d'être réunis le plus souvent possible. C'est sûr qu'il faut beaucoup de planification pour pouvoir tout faire ensemble, mais il n'est pas question de nous séparer. D'ailleurs, depuis que nos deux enfants sont nées, elles restent constamment avec nous. J'ai la chance de pratiquer un métier qui me permet d'avoir ce privilège. Si je travaillais dans un bureau, ce ne serait pas possible. Tant que nos filles n'iront pas à l'école, elles voyagerons avec nous.


"Nous espérons que nos filles aimeront leur prénom"

Voilà Julie et ses filles qui s'amènent. C'est bien notre chanteuse à nous, celle qu'on a vue grimper sur une scène à sa sortie de l'école et qui est devenue peu à peu l'interprète à succès que l'on connaît. Elle est toujours aussi magnifique, avec ses longs cheveux blonds qu'elle relève en chignon et sa silhouette de top model. Ses filles, India et Dante, ont hérité de son sourire espiègle et du regard de Corey. Elles sont irrésistibles, très vives et d'une bonne humeur caractéristique des enfants heureux. Les micros et les caméras ne les intimident pas le moins du monde. India saute vite dans les bras de son père. Julie lui donne un des jouets qu'elle a apportés et la petite plonge dans un autre univers: plus rien d'autre n'existe pour elle. En revanche, "Mlle Dante" n'a qu'un seul but: séduire le photographe et la journaliste! Déjà! Dès qu'elle réussit à capter l'attention des autres, elle rayonne. Oh! comme le surnom de Queenie lui va bien!
Pourquoi les parents d'India lui ont-ils donné ce prénom? Et est-ce le poète italien qui a soufflé à l'oreille de M. et de Mme Hart le nom de leur deuxième fille?
"Julie et moi voulions quelque chose d'original. Les raisons pour lesquelles nous avons choisi ces prénoms sont personnelles. J'espère que nos filles les aimeront. Chose étrange, quand nous prononçons le nom de Dante, tout le monde pense au purgatoire ou à l'enfer, je ne sais pas pourquoi. Pourtant, à la fin du livre La divine comédie, l'auteur, Dante, arrive au paradis, où il retrouve sa bien-aimée."


Les petites vous accompagnent-elles même au studio d'enregistrement?
Oui. Parfois, c'est un peu embêtant mais, le plus souvent, c'est une source de joie. Je les emmène toujours avec moi quand je suis en studio ou quand je fais des entrevues; ainsi, elles peuvent voir mon travail, même si elles ne comprennent pas entièrement ce qui se passe. Nous partageons tout et nous grandissons ensemble. Bien sûr, mis à part quelques frustations, la musique me donne beaucoup de bonheur et de plaisir; mais j'ai attendu trop longtemps avant d'avoir des enfants, une famille, pour que ceux-ci ne soient pas ma priorité. il y a une complicité absolument unique entre Julie et moi. Trop de gens ont des enfants avant d'être prêts à porter cette responsabilité. Moi, au moment où j'ai rencontré Julie, j'étais vraiment prêt, et elle aussi. C'est la vie qui a voulu cette magie et nous n'allons pas passer à côté.

Voulez-vous d'autres enfants?
Oh oui! Je prends mon rôle de père très au sérieux. Je crois que le père et la mère sont aussi importants l'un que l'autre. Je sais que, dans notre société, on considère qu'un enfant en bas âge a surtout besoin de sa mère, mais ce n'est pas comme ça que je vois les choses. Ma philisophie à ce sujet est simple: les parents doivent prendre le temps de s'occuper de leurs petits. Dans les années 80, on disait que ce n'est pas la quantité de temps passé avec ses enfants qui importe, mais la qualité des rapports établis. Moi, je pense qu'il est important d'intégrer les enfants dans sa vie, à chaque instant. Et c'est ce que je fais. Ça demande beaucoup d'amour et de patience, et on apprend, jour après jour, de sa propre expérience.

Corey, franchement, aimes-tu changer les couches de Dante?
Mais oui! Et j'ai aussi changé celle d'India. Je préfère faire ça que de leur chanter des chansons! De toute façon, elles entendent tout le temps ma musique à la maison; elles n'ont pas d'autre choix, puisque je travaille chez moi. À trois ans, India peut maintenant reconnaître le son de la guitare, de la batterie ou de la basse. C'est merveilleux.


"Le plus important c'est notre couple"

Julie regarde Corey d'un oeil amoureux; Corey regarde Julie comme au premier jour. Même lorsque Dante est sur les genoux de sa mère, et India, dans les bars de son père, leurs parents réussissent à se tenir par la main, à se faire des câlins. Bien sûr, je me demande pendant un moment s'ils ne sont pas en train d'en faire un peu pour la galerie: ils sont ensemble depuis quatre ans, quand même!
"Non, ce n'est pas de la frime, affirme Julie. Depuis quatre ans, Corey et moi ne nous sommes jamais séparés, ne serait-ce que pour qulques heures. Si nous avons des courses à faire, nous y allons ensemble et nous emmenons les enfants. Nous croyons que s'ils nous accompagnent partout où nous allons, ça leur ouvrira des horizons. Pour nous, le plus important, c'est notre couple et notre unité familiale."

Avec la tournée internationale de Corey qui commence et tout ce qui s'ensuit, la vie d'hôtel, les répétitions, le trac, les aléas de la promotion de l'album Jade dans les studios de télé, on se demande comment le petit clan Hart réussira à rester tricoté aussi serré!
"Corey et moi serons ensemble sur scène durant les spectacles de sa prochaine tournée. Bien sûr, nous ne pourrons pas garder nos enfants avec nous pendant les concerts. Pour la première fois, nous allons donc être obligés de nous séparer de nos petites filles quelques heures chaque jour. Ça ne va pas être facile parce que, tous les quatre, nous ne faison qu'un."

Il faut reconnaître qu'une famille aussi unie, ça ne court pas les rues. Le sourire aux lèvres, Corey explique:
"Il y a des gens qui nous regardent en se disant:"Je ne serais jamais capable de vivre comme ça." Certaines personnes ont besoin d'avoir un espace bien à elles; elles ne peuvent pas supporter d'être avec quelqu'un 24 heures sur 24. Mais Julie et moi, nous sommes heureux ainsi."
"Notre espace, c'est nous! ajoute Julie. Je n'aime pas faire les choses sans lui."

Sans vouloir chercher la petite bête, on se dit qu'il doit y avoir parfois de petites divergences entre Julie et Corey, ne serait-ce qu'au moment où ils doivent se mettre d'accord sur l'émission qu'ils vont regarder.
Cette fois, Corey rit de bon coeur. "Non! Nous ne nous disputons jamais! D'ailleurs, nous nous tenons toujours la main quand nous sommes devant la télévision... sauf quand nous voulons prendre une poignée de pop-corn!"
"Parfois, Corey accepte de voir certaines émissions qu'il aime moins que moi. Et, quand il suit les interviews de Larry King, par exemple, je m'assois à côté de lui, même si parfois, ça ne me passionne pas au premier abord."
"Avant, Julie ne s'intéressait pas beaucoup à la politique et aux histoires présidentielles américaines, dit Corey. Mais maintenant, lorsque nous regardons les nouvelles, elle est assise sur le bout de son siège! et moi, j'ai vu tous les films de Star Trek, parce que Julie les adore. Je pense que nous avons expérimenté en 4 ans ce que les autres couples vivent en 15 ans!"

Des producteurs ne choisiraient certainement pas Julie et Corey pour jouer dans une série comme Un gars, une fille!
"Nous avons une complicité magique, explique Julie. Ça ne nous embête pas de faire des compromis."
"Ça ne nous demande pas d'efforts, admet Corey. Ça se passe naturellement."


Et tu te lèves la nuit, non?
Écoute, il pourrait y avoir un ouragan que Julie ne se réveillerait pas! Dès qu'elle met la tête sur l'oreiller, elle s'endort. Moi, au contraire, mon sommeil est très léger. Au moindre son, je suis en état d'alerte. Quand une des petites pleure la nuit, c'est moi qui m'en occupe. Par contre, je n'aime pas me lever à 6 h du matin. Alors, nous couchons India et Dante assez tard, vers 22 h, de façon à ce que les trompettes ne sonnent pas trop tôt!

Avez-vous déniché la gardienne idéale?
Ah non! nous ne les faisons jamais garder. Au cours de la prochaine tournée, quand julie chantera sur scène avec moi, c'est sa mère qui s'occupera d'India et de Dante dans les coulisses pendant le spectade. Je ne veux pas de baby-sitter..

Es-tu content d'avoir des petites?
Tout ce que je veux, c'est que mes filles m'aiment! Si un jour j'ai un garçon, je serai comblé aussi, mais j'ai l'impression que les filles sont plus calmes que les gars: avec India, tout a été facile. Remarque, avec Dante, the Queenie (la petite reine), c'est autre chose; elle n'a que huit mois, et elle dirige littéralement la maison!

Ton père était-il près de ses enfants?
Ah non, pas du tout! Une chanson de mon album, Reconcile, parle de lui; c'est la première fois que j'aborde dans mes textes ma relation avec lui. Est-ce que je tiens à être si près de mes enfants parce que j'ai souffert de l'absence de mon père? Je ne sais pas. Je suis le plus jeune de cinq enfants, et il y a une grande différence d'âge entre l'aîn et moi: 19 années nous séparent. Mes parents se sont quittés quand j'avais 11 ansm et je suis resté avec ma mère. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs de mon père, mais je dois reconnaître qu'il nous a toujours soutenus financièrement.

Il appartient à une génération où les hommes se consacraient entièrement à la construction d'un empire financier, non?
Mon père n'est pas si riche que ça, et à la maison, nous ne menions pas le train de vie des Kennedy! Mais nous faisions partie de la upper middle class américaine, ce qui signifie que nous pouvions choisir les meilleures écoles et nous offrir tous les équipements de sport que nous voulions. Mon père avait investi dans le commerce et le développement de terrains (il n'y a aucun rapport avec les batteries Hart), et nous avons vécu en Espagne et au Mexique parce qu'il avait acheté des terrains là-bas. C'est vraiment un homme bizarre. Il n'a pas du tout été là pour ses enfants, du moins pour ses deux plus jeunes fils. Quand ma mère et lui se sont séparés, nous avons habité dans des villes différentes. Nous nous parlions de temps en temps au téléphone, mais la famille ne faisait pas partie de ses priorités.


"C'est l'amour avec un grand A"

Julie et Corey aiment le même genre de musique: "Durant les six mois qui suvent la sortie d'un de mes disques, nous l'écoutons souvent en faisant une partie de Scrabble - Julie remporte toujours la victoire à ce jeu- ou de Yam de préférence, parce que je gagne presque tout le temps!" mentionne Corey.

Et le couple adore le tennis. "Nous avons même acheté une petite raquette pour India. Elle nous accompagne lorsque nous allons jouer un match." Sur le court, Corey est un as. "Julie est très compétitive et elle progresse très rapidement", souligne le champion avec élégance.

Possèdent-ils deux voitures familiales? "Pensez-vous! Une seule camionnette suffit en toutes circonstances."

Quels sont leurs amis les plus proches? "J'aime beaucoup le frère de Julie et sa femme; ce sont nos meilleurs amis. Nous avons d'ailleurs voyagé en leur campagnie!, confie le chanteur. Julie n'a pas d'amies, et Corey n'a pas de copains de vestiaires. Pour eux, il n'est donc pas question de faire la fête le vendredi soir avec la bande du quartier. "Nous sommes platesm hein? se demandent-ils en riant. Nous passons toutes nos fins de semaine ensemble!"

Comment pourrait-on qualifier leur relation?
Corey trouve vite le mot juste: "C'est de l'obsession!" Julie proteste un peu: "Non. C'est l'amour avec un grand A."

Mais il ne faudrait quand même pas croire qu'ils vivent isolés du reste du monde.
"Des membres de nos familles nous rendent souvent visite. Ils s'installent près de chez nous pendant deux ou trois semaines, et nous voyons alors fréquemment."

Est-ce que Julie regrette parfois sa carrière d'interprète?
"Pas du tout. J'aime beaucoup chanter et j,ai la chance de le faire avec Corey en tant que choriste lorsqu'il est en studio ou quand il donne des spectacles. Mon besoin est tout à fait comblé."

Ces deux tourtereaux ne pourraient-ils pas se trouver un ou deux petits défauts, juste pour nous faire plaisir?
"Oh oui! dit Corey avec générosité. quand Julie fait le ménage à la maison, je ne dois surtout pas être dans son chemin! Je m'installe dans un coin et je ne dis plus un mot."
"C'est vrai que ranger la maison me rend un peu grognon. Mais je refuse que quelqu'un le fasse à ma place; je veux que tout soit à mon goût", explique Julie.

Corey, lui, reconnaît qu'il est plutôt entêté et exigeant envers lui-même et les autres, surtout quand il s'agit de musique. "Je mets tout mon coeur dans cet art et j'aime que les autres en fassent autant."
"Quand il s'agit de ses chansons, il sait exactement ce qu'il veut, souligne sa plus grande fan. Je pense que son dernier album, Jade, est exceptionnel. Il a conçu quelque chose d'original sur les plans du son et de la réalisation. J'aime beaucoup ce disque."

Sur le précédent album de Corey, on trouve une pièce intitulée India, que le chanteur à composée en l'honneur de sa fille aînée. Pour son nouveau disque, il a écrit Everytime You Smile, une berceuse à l'intention de sa petite Dante.
"J'ai expérimenté différents rythmes, mais je reste le même chanteur et le même auteur, explique l'artiste. Mes chansons, c'est ma vie. Je cherche toujours la vérité en tout."
"Nous avons de la chance que les anges nous aient placés sur la même route, conclut Julie. Les plus beaux cadeaux que l'existence nous a faits, c'est de nous avoir permis de nous rencontrer et d'avoir nos petites. D'ailleurs, deux enfants, ça n'est pas assez. J'aimerais en avoir quatre."

Corey y avait pensé... il la connaît bien, sa Julie!


Par contre, à 16 ans, tu pouvais t'offrir une bagnole sport et tout, non?
J'aurais pu le faire, mais je n'ai jamais été attaché aux biens matériels. les voitures sport ne m'intéressent pas; le "cruising" et les bars non plus, d'ailleurs, qu'on le croie ou non.

Avec le temps, les choses se sont-elles arrangées entre ton père et toi?
J'ai essayé de les "rattraper", mais ça n'a rien donné. Mon père est très âgé: il a 80 ans. C'est trop tard. Comme je le dis dans ma chanson: "Truth remains, it's just too late to really make a start." Tiré de son nouvel album)

Qu'as-tu essayé de faire?
Il y a trois and, j'ai voulu m'installer aux Bahamas, là où il habitait. Julie et moi avons donc déménagé là-bas. Je pensais qu'il serait important d'être près de lui pendant les dernières années de sa vie. Je croyais que nous pourrions nous rapprocher ou du moins nous connaître davantage. Pour ça, oui, je le connais beaucoup mieux maintenant, mais nous ne nous sommes pas rejoints. Heureusement, les Bahamas sont superbes. C'est un bel environnement pour mes filles, qui pourront y passer les 10 premières années de leur vie.

Habiter aux Bahamas, ça doit être le rêve!
Ce n'est pas parfait, mais il y a beaucoup moins de violence qu'ailleurs. Avant de nous installer là-bas, nous voulions savoir si nous aimerions y vivre; nous avons donc loué un très petit appartement, que nous habitons toujours. Il est très éclairé, et nous avons une vue sur le port. Nous ne faisons cependant pas de voile ni de hors-bord. Julie et moi préférons nager et jouer au tennis; nous passons d'ailleurs nos journées sur un court. D'ici deux ans, il est possible que nous achetions un terrain, sur lequel nous ferons construire une maison.

Où enregistres-tu tes albums?
Le dernier a été aux Bahamas. Là-bas, j'ai découvert ce que signifie avoir un studio près de sa maison. C'est le vrai luxe. J'ai enregistré quatre disques à Los Angeles et, chaque fois, j'ai dû habiter à l'hôtel. J'ai écrit les 14 chansons de mon nouvel album à mon piano, dans notre appartement. J'ai toujours composé lorsque j'étais seul. C'est nouveau pour moi de le faire en présence de Julie et des enfants. Je trouve ça un peu plus difficile, mais je suis content du résultat. Je pense que mes chansons sont belle.

Quand vous venez à Montréal, demeurez-vous chez votre mère ou chez celle de Julie?
Nous descendons à l'hôtel. Nous ne voulons pas nous imposer. Même si nos parents sont très accuillants, je préfère avoir un peu d'intimité. Lorsque je suis avec Julie, je n'ai aucune réserve: je ne lui cache rien. Je suis aussi très franc dans mes chansons. Je cherche à être un auteur honnète qui parle des choses qui le touchent. En fait, chacune de mes chansons est une tranche de vie dans laquelle les gens peuvent se reconnaître.

T'ouvres-tu à ta mère?
Oui. C'est une personne tendre qui m'a toujours encouragé à poursuivre ma carrière, surtout à mon adolescence. Aujoud'hui, elle est grand-mère et elle a 13 petits-enfants! India et Dante sont les plus jeunes.

Vivez-vous un peu dans le circuit du showbiz américain?
Non. Nous sommes peut-être un peu sauvages. Aller dans les boîtes fréquentées par les stars et passer la nuit à faire la bombe, je n'ai jamais aimé ça, même lorsque j'avais 20 ans; Julie non plus, d'ailleurs. C'est aussi une des raisons pour lesquelles nous avons choisi les Bahamas, qui sont loin du monde du show-business.

Ton succès t'a-t-il permis d'avoir une certaine aisance financière?
Je mène une vie indépendante depuis que j'ai 20 ans. J'ai gagné de l'argent très rappidement grâce à plusieurs de mes chansons. Je suis chanceux de pratiquer un métier où on paie les artistes... beaucoup trop cher! Et plus ils sont populaires, plus on les paie... trop! Mais je ne vais pas changer les règles du jeu car, dans ma profession, on monte vite, et on redescend aussi rapidement. J'ai connu des jours ensoleillés et j'ai traversé des tempêtes. Mes trois premiers albums se sont très bien vendu dans le monde entier et, à cette époque, j'ai atteint le sommet du palmarès américain. Mes tournées internationales ont aussi remporté beaucoup de succès. Puis, en 1991, tout s'est écroulé, et j'ai eu tellement de peine! Ça a été si dur que je n'ai plus voulu faire ce métier. J'ai perdu l'envie d'écrire des chansons. Alors, j'ai tout arrêté pendant un bout de temps. J'étais démoli. Il a fallu que je prenne le temps de me reconstruire. Puis j'ai rencontré Julie, et nous nous sommes fait une vie à nous. Petit à petit, le goût d'écrire m'est revenu.

Le cinéma ne t'a jamais attiré?
Dans les années 80, j'ai reçu beaucoup d'offres pour faire du cinéma à Hollywood. On m'a même proposé de faire un essai pour le film Retour vers le futur (Back to the Future). J'ai refusé parce que, comme le métier d'acteur ne me passionne pas, je n'aurais pas pu bien interpréter le personnage principal. C'est finalement Michael J. Fox qui a obtenu le rôle. Plusieurs personnes ont cru que j'avais été un peu fou de refuser mais, selon moi, ce n'est pas en suivant un cours de six semaines dans un studio d'acteurs qu'on devient un bon comédien. Penser ça, c'est faire insulte aux artistes de talent qui consacrent leur vie à leur métier.

Souhaites-tu devenir millionnaire?
Gagner des millions n'est pas mon objectif. Je ne pense pas à ça quand je commence à faire quelque chose, bien que je ne ferme pas la porte quand l'argent rentre. Je crois que plus on est authentique dans ce que l'on fait, plus on a des chances de réussir. De toute façon, j'estime que Julie et moi sommes très riches de notre amour. C'est déjà beaucoup.

Les femmes se sont-elles bousculées dans ta vie?
Je suis tombé amoureux deux fois, c'est tout. J'ai écrit un album après que je me suis séparé d'Érika. Puis il y a eu Julie. Au cours de mes années folles, j'ai eu beaucoup d'occasions de faire des rencontres, mais ça ne m'intéressait pas. Je ne cherche pas les aventures faciles. Ce qui est superficiel ne m'attire pas. Et je suis un homme fidèle.

7 Jours, Vol 9 No 52, 31 octobre 1998