L'histoire de ma vie

L'été dernier, une nouvelle étoile est apparue au firmament de la chanson québécoise. Elle a les yeux bleus comme l'azur, les cheveux couleur de blé et ses performances sont comparables a une brise printanière. En quelques semaines seulement, sa voix envahissait la province grâce à la chanson C'est zéro. Depuis, elle fait battre les coeurs et tous désirent en savoir davantage sur cette heureuse révélation. C'est donc avec grand plaisir que 7 JOURS vous présente cette fille de 20 ans au magnétisme évident: Julie Masse.

Dis-moi, Julie, est-ce que tu te rends bien compte de tout ce que tu vis présentement?
Oh non, pas du tout. Les gens me reconnaissent dans la rue et je suis tout ébahie. Des gars et des filles viennent à moi et ils sont un peu nerveux, et je ne comprends pas pourquoi. Je me dis: "Voyons, c'est juste moi, Julie Masse". Toutefois, même si je ne me considère pas comme une vedette, je comprends que le public ait besoin d'idoles, de stars. Tu sais, Benoit, j'ai l'étrange sentiment que tout cela arrive plutôt a quelqu'un d'autre. Je lis des articles sur moi dans les journaux et j'ai l'impression qu'on y parle d'une autre fille.

As-tu le sentiment de vivre un rêve?
Exactement. J'ai toujours rêvé de faire carrière dans le monde de la chanson, mais ça restait plus un idéal qu'une réalité pour moi. Je me disais: "Ce serait extraordinaire, mais il y a bien peu d'élus". Jamais je n'aurais cru me retrouver un jour sur le même plateau que Johanne Blouin ou Marjo et encore moins partager une loge avec elles. Pourtant, ça m'est arrivé. Depuis, je suis convaincue qu'il faut toujours croire en ses rêves. C'est très important, sinon, on ne pourra jamais connaître l'extraordinaire feeling que l'on retire à les réaliser.

Parlons un peu de ta famille. Tu as des frères ou soeurs?
Oui. J'ai un frère qui se prénomme Denis, il a 26 ans, et j'ai une soeur de 25 ans, qui s'appelle Hélène. Je suis donc le bébé de la famille, alors laisse-moi te dire que je suis passée au cash...

Qu'entends-tu par là?
Mes parents ont toujours possédé un commerce en électronique et, lorsque j'étais plus jeune, puisqu'ils étaient retenus au magasin jusqu'à la fermeture, Denis et Hélène avaient la responsabilité de me mettre au lit. Donc, s'ils faisaient des mauvais coups durant la soirée, ils devaient ensuite acheter mon silence.

Si je comprends bien, tu étais en quelque sorte le petit chaperon?
Mon Dieu, oui! J'étais la petite dernière qui voulait aller partout. Je me souviens d'un party que mon frère et ma soeur avaient donné au sous-sol. On m'en avait bien sûr interdit l'accès. Eh bien, j'avais réussi à me faufiler en bas pour aller me réfugier dans un espace sous une boîte de son avec mon oreiller. J'y étais demeurée toute la soirée. Je n'oublierai jamais non plus ma première sortie dans une discothèque j'avais treize ans. Cette fois, Denis et Hélène étaient dans le coup. Ils m'avaient amenée avec eux en camping a Baie-Missisquoi et nos cousins étaient aussi de la partie. Le soir venu, toute la gang décida d'aller à la discothèque du village, mais voilà, j'étais la seule qui n'avait pas l'âge requis. Eh bien, ils m'ont habillée, maquillée et montée sur des talons hauts et je les ai suivis! Mais j'étais tellement gênée sur le plancher de danse que ma soeur est finalement rentrée avec moi une heure plus tard.

Tes parents étaient sévères?
Non, pas vraiment. Disons, en fait, que mon père me réprimandait rarement. Ma mère était plus sévère. D'ailleurs, quand elle m'envoyait en pénitence dans ma chambre, mon père venait me chercher en cachette pour aller écouter la télévision dans sa chambre. Mais, tu sais, heureusement que maman était là, parce que j'étais très tannante.

On m'a dit que tu étais aventureuse. Tu as conservé ce côté de ta personnalité en vieillissant?
Oh oui! Je peux encore monter sur un toit ou grimper dans un arbre en moins de deux. À l'école, alors que les filles portaient des jupes et avaient peur de se dépeigner, moi, je ne me maquillais pas et je suivais les garçons. Encore aujourd'hui, exception faite des séances de photos ou des émissions de télé, je me maquille très peu et j'adore 1'aventure.

Chez toi, est-ce qu'on dit que tu ressembles davantage à ta mère ou à ton père?
À ma mère. Je lui ressemble physiquement et, comme elle, je perds toujours tout. Je suis une grande distraite: tous les jours, je cherche mes clés. Comme elle également, j'adore les dessins animés. Certains soirs, il nous arrive de louer des "p'tits bonshommes" au club vidéo et on s'amuse comme deux enfants à les regarder. De mon père, je tiens le plaisir de déguster une bonne bouffe. Nous aimons tous les deux les desserts à la folie.

Tu vis toujours chez tes parents. Comment envisaqes-tu le jour où tu quitteras le toit familial?
Ce sera une grande adaptation parce que l'aime l'atmosphère qui règne à la maison. Et puis, j'ai des parents extraordinaires. Malgré tout, je vois venir le jour où j'aurai envie de ma vie à moi, même si je n'en ressens pas le besoin actuellement. Tu sais, ma soeur a 25 ans et elle demeure toujours avec nous. Je crois que si je venais à partir de la maison dans un avenir rapproché, ce serait à cause de ma carrière. Si je vois que mon métier bouleverse la vie de mes parents, je quitterai peut-être la maison. Tu sais, nous avons appris à être autonomes très jeunes. À dix ans, je cuisinais mes soupers. D'ailleurs, j'adore cuisiner. Je viens tout juste de m'acheter un livre de cuisine thaïlandaise et je me promets des petits plats extra.

Vers quel domaine orientais-tu tes études avant d'évoluer dans la chanson?
J'étudiais en psychologie et ma matière préférée était la biologie. J'aurais aimé faire de la recherche dans un laboratoire, mais j'avais un grand handicap: je ne suis pas très habile de mes mains. Quand vient le temps d'être minutieuse, je ne fais que gâter les choses.

On dit très souvent qu'avoir 20 ans, de nos jours, ce n'est pas facile. Te le crois?
Disons que nous avons beaucoup de préoccupations. Les problèmes sociaux sont nombreux dans notre société - problèmes de drogues, d'environnement, de guerre, sans oublier l'environnement. Je crois que tous les jeunes de 20 ans pensent à ces problèmes. Tu sais, maintenant que je m'achète de plus en plus de choses, je regarde toujours si le produit est biodégradable avant de le mettre dans mon panier; c'est très important et il faut qu'on fasse tous notre part.

Est-ce que l'amour t'a déjà joué de mauvais tours?
Pas vraiment. Mon premier amour, je l'ai connu en deuxième année. Il m'avait donné un bec sur la joue. Wow! C'était quelque chose. C'est à quatorze ans que j'ai connu ma première peine d'amour. Le gars m'avait laissée tomber pour sa gang de chums. Ça m'avait fait mal, mais déjà, à cet âge, je passais assez rapidement à travers les épreuves. Je ne suis pas du genre à m'attarder sur mes malheurs. Et depuis, les peines d'amour, je m'en suis assez bien tirée puisque c'est toujours moi qui ai pris la décision de quitter mon ami.

Aujourd'hui, comment devrait être l'homme qui te séduira?
D'abord, il devra être très actif. Il faudra également qu'il ait beaucoup d'humour. Quant à l'apparence physique, je n'y attache pas beaucoup d'importance. Je regarde beaucoup la personne intérieure. Ça me fascine. Mais enfin, le type idéal est bien difficile à déterminer parce que l'amour, c'est un feeling plus fort que tout ça et, lorsqu'il te frappe, tu oublies tout.

Es-tu une fille possessive?
Peut-Être, dans une certaine mesure. Je tiens beaucoup à la sincérité et à la fidélité. Je suis une fille fidèle et j'aimerais que mon compagnon le soit également. Je dois avoir le sentiment que je peux lui accorder ma confiance.

Tu aimerais te marier un jour, avoir des enfants?
Oui. Je crois au mariage, même si ce n'est pas considéré comme un idéal en 1990. Je crois qu'il est encore possible d'avoir le même partenaire toute sa vie. Il faut savoir que l'amour, ça peut se transformer. Au début d'une relation, c'est l'amour fou, mais ensuite, il fait place à une autre forme d'amour qui se développe lentement. J'espère un jour bâtir quelque chose de semblable avec un homme. Mon frère vient tout juste de se marier et je lui demandais quand il allait faire de moi une "ma tante" parce que j'adore les enfants. J'aimerais en avoir un jour, c'est certain. J'en voudrais deux ou trois. Je me réjouis d'ailleurs de voir que les enfants sont portés vers moi. Il y en a beaucoup qui viennent me voir en spectacle ou qui écrivent à mon fan-club.

Tu es toujours souriante, enjouée. Qu'est-ce qui pourrait te faire perdre ta bonne humeur?
La fatigue. Je n'aime pas cette sensation d'épuisement et ça peut m'affecter. C'est la seule chose, je crois, qui me ferait perdre ma bonne humeur parce que je suis le genre de fille qui se lève toujours du bon pied.

Quelles sont les valeurs les plus importantes a tes yeux?
La franchise, c'est primordial. Je tiens beaucoup aussi à la simplicité. Dans ce sens, je crois qu'il est très important de comprendre que l'on récolte toujours ce que l'on a semé. C'est une grande vérité. Il faut donc apprendre à s'aimer et à vivre nos valeurs les plus profondes afin d'aimer notre prochain. De cette façon, on réussit à aller toujours plus loin, et c'est mon but.


7 jours, Vol 2 No 01, 16 novembre 1990