Le plus grand choc de ma vie

ll fallait bien qu'une chanson porte un titre aussi négatif que C'est zéro pour que l'interprète devienne en deux temps, trois mouvements, une idole à 100%. Il m'arrivait d'écouter la chanson, de m'y laisser prendre de plus en plus et de me demander Mais, qui donc possède une aussi jolie voix? Je croyais qu'il s'agissait d'une jeune chanteuse française en quête de popularité ici lorsqu'on m'apprit qu'elle s'appelait Julie Masse et qu'elle était... bien d'ici. Comme plusieurs, je croyais au succès d'une chanson, mais sa fulgurante ascension me place devant l'évidence qu'une étoile est née. Une étoile que rien ne saurait décrocher de son firmament digne... d'un conte de fées. Apparitions à la télévision, un microsillon signé d'un éponyme, une vidéo de sa chanson Billy et voilà qu'on la retrouve parmi les stars au Gala de l'ADISQ. Somme toute, Julie Masse aura réussi à devenir, en quelques mois, ce que d'autres ne seront jamais en dix ans.

Au cégep, elle était inscrite en psychologie, parce que c'était pour elle un moyen de communiquer. Sa mère, l'encourageant, lui avait d'ailleurs dit: "Va là-dedans Julie. Les communications, le chant... tu aimes tellement ça" Elle lui répondait "Oui, j'aime ça" sans trop y croire vraiement. Et Julie Masse de m'expliquer: "Je me disais qu'i1 y avait une fille sur dix... sur vingt milles qui pouvait réussir. Donc, pourquoi moi? Je n'y croyais pas, mais je voulais travailler dans le monde artistique sans pour autant devenir chanteuse. J'y suis allée sans vraiment trop y croire et ce sont mes gérants actuels qui, m'ayant entendue alors que j'étais choriste, sont venus me chercher. Moi, je n'avais jamais envoyé de "demo" à qui que ce soit. Je n'aurais jamais fait le premier pas, je n'y pensais même pas. Choses certaines, je n'ai pas défoncé de portes. C'est le milieu qui s'est emparé de moi!"

Et si on reculait de quelques années, alors que vous étiez la Julie de vos parents. Quel genre d'adolescente étiez-vous?
Assez sage et très bien élevée. Je n'ai jamais causé de troubles à mes parents et à l'école, j'étais souvent mise à l'écart, parce que trop disciplinée. On ne m'influençait pas facilement. J'étais studieuse et très rangée.

En quelques mots, que sont vos parents pour vous?
Les deux personnes les plus importantes dans ma vie. Un couple uni qui m'a donné le bon exemple. Je dirais que mes parents, c'est la plus belle histoire d'amour. Je suis également très près de ma soeur Hélène qui a 25 ans et qui habite encore à la maison avec nous. Mon frère, Denis, est également très important pour moi même s'il ne vit plus à la maison, étant marié depuis un an. L'esprit de famille est primordial pour mon bien-être.

Au point de vouloir en fonder une vous-même, un jour?
Bien sûr, parce qu'au départ, j'adore les enfants. C'est d'ailleurs ce que j'aime le plus au monde.

Vous en avez gardé plusieurs étant plus jeune?
Oui, comme toutes les petites filles... à 2$ de l'heure! (rire) Je le faisais pour me faire un peu d'argent de poche, mais encore aujourd'hui, chaque fois que je vais quelque part et qu'il y a des enfants, je m'en occupe comme ce n'est pas possible. Des petits bras qui se tendent, ça m'émeut, ça me procure une joie sans pareille.

Dites-moi, Julie, votre célébrité a-t-elle changé votre façon d'être?
Moi? Non. Il est évident que depuis quelques temps, je ne fréquente plus les mêmes personnes parce que je suis constamment avec les gens du milieu. Par contre, j'ai gardé mes amis les plus cher. J'ai même renoué avec certaines connaissances qui me téléphonent pour me dire "Aie! C'est bien toi, la chanteuse?" Des amis que j'avais même perdus de vue. Ce n'est pas moi, mais plutôt les gens qui ne me regardent plus de la même façon. Avant, je pouvais aller magasiner et personne ne me connaissait. Maintenant, quand je vais quelque part, on me reconnaît et je vous avoue que ça m'intimide.

Pourquoi? Vous trouvez pénible d'avoir à composer avec ce fait?
Pas pénible, mais extrêmement gênant. Pas encore très habituée, je me sens mal à l'aise de signer mon nom sur un bout de papier.

Au fond de votre coeur, très sicèrement, vous êtes toujours la même Julie Masse?
Absolument et ceux qui me connaissent depuis des années savent que je suis toujours la même fille, autant du point de vue de la personnalité que du caractère. Je suis maintenant dans le monde du vedettariat, mais le coeur de la fille est toujours le même et je ne regarde pas en l'air pour autant. De plus, je dissocie très bien ma vie intime de ma carrière. Quand je chante, je suis fidèle à mon micro, mais quand je rentre à la maison, je m'appartiens totalement.

Êtes-vous consciente de l'image que votre miroir vous rend?
Oui, je le suis et ça ne me rend pas orgueilleuse pour autant. Il faut vivre avec ce que l'on a et je fais allusion ici aux traits du visage. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, je n'ai rien d'une vamp ou de la fille aguichante. Je suis une fille saine et j'espère dégager cette image qui est mienne.

Une ascension soudaine, un peu comme celle de Barbra Streisand alors que la chanson "People" la propulsa au sommet à ses débuts. Je lui faits la comparaison et timidement, elle m'avoue: Ah! oui, ça, je ne le savais pas, mais si mon histoire ressemble à la sienne, ce serait vraiment inespéré... car je n'en demande pas tant! À savoir ce qu'elle pense des jeunes d'aujourd'hui, de la drogue, le fléau de l'heure, elle m'affirme avec conviction: C'est dommage de voir ce qui se passe, mais je me dis que plus ça avance, plus les jeunes seront au-dessus de ça. Ils commencent à réaliser le danger et je suis certaine qu'avec le temps, les véritables valeurs de la vie vont revenir. On m'écrit pour m'en parler, on me demande des conseils, on me dit même que j'ai l'image qu'il faut pour les réveilles. Moi, je fais très confiance aux générations qui suivront.

Si je ne m'abuse, vous êtes une fille équilibrée, non?
Je dirais oui, car en général, je pèse toujours le pour et le contre d'une situation. Avant d'agir, je suis toujours réfléchie. Disons que je pense et qu'après... je pose les gestes.

Vous avez sûrement, comme tout le monde, des défauts à corriger...
Plusieurs...(rire) mais le pire, c'est que je me demande si je devrais le corriger. Je suis gourmande, très gourmande. J'aime beaucoup les desserts et quand je vais au restaurant, je ne me prive pas.

Et si je vous demandais de m'avouer votre plus belle qualité?
Je suis une fille très positive, extrêmement positive.

Ce qui veut dire que rien ne vous abat? Pas même une mauvaise critique?
Non, parce que je les prends comme elles viennent. Quant elles sont justes et aptes à me corriger, je m'y arrête. Si c'est gratuit, je tourne la page. Chose certaine, jamais je ne serai par terre en raison d'une mauvaise critique. Je prends le pour et le contre, j'analyse... et je continue.

Et si nous parlions d'amour. Il est important pour vous d'être amoureuse?
Je pense que oui...

Pourquoi?
Parce que ça m'aide à garder mon équilibre et à mieux fonctionner. L'amour est le complément de la paix du coeur.

Au moment où l'on se parle, êtes-vous amoureuse?
Non. Je ne suis pas amoureuse.

Mais comment doit-être un garçon dont vous pourriez tomber amoureuse?
La première chose que je regarde, ce sont les yeux, car c'est par les yeux que se dégagent le charisme et la personnalité. De plus, il doit être positif.

Faudrait-il qu'il ait vos goûts ou si les contraires vous attirent?
Chacun a ses goûts, ses qualités et ses défauts. L'important, c'est que ce soit un homme ouvert et franc qui puisse clairement donner son opinion. Un gars qui plie pour faire plaisir, ce n'est pas pour moi. Je veux connaître ses forces et ses faiblesses, les respecter et m'attendre à ce qu'il respecte les miennes.

Il vous arrive de penser à la femme que vous serez dans dix ans sur le plan carrière comme celui de votre vie intime?
Je serai tout d'abord une femme mariée et une mère de famille. Sur le plan travail, je serai encore chanteuse, actrice ou peut-être gérante d'artiste. Un fait demeure, je ferai partie du show-business.

Elle est née le 3 juin 1970; ses yeux rieurs n'ont que 20 ans et, euphorique, Julie Masse avoue qu'elle a des goûts très diversifiés pour la musique. Les sonates de Jean-Sébastien Bach tout comme le rock et la musique alternative. Marjo, Marie Philippe, Marie Carmen, bref, un réel dédoublement des Gémeux qu'elle a en elle. Côté cinéma, elle aime se distraire avec de bonnes comédies, mais affirme se déranger pour tout nouveau film qui passe à l'écran. Cyrano de Bergerac l'a fait pleurer, mais elle s'éloigne des films trop dramatiques, trop lourds à porter. Elle les garde pour plus tard, à l'heure de sa sagesse. Ses lectures préférées? Les bandes dessinées comme Tintin ou Astérix et les intrigues de la célèbre Agatha Christie. Elle ajoute que sa maman se passionne encore pour le bandes dessinées, qu'elle possède plusieurs films des dessins animés de Walt Disney.

Et oui, elle fait la cuisine. Si bien que c'est une discipline pour elle dès qu'elle se retrouve à la maison. Des entrées, des salades, des soupes, des plats de résistance, etc. Elle invite même des amis à goûter ses petits plats et me confie: Vous savez, quand j'étais jeune, mes parents avaient un commerce qui prenait tout leur temps. Ils travaillent six jours sur sept par semaine et je préparais moi-même mon souper.

Et si je vous demandais quel est votre plus beau souvenir?
Oh! mon Dieu, j'en ai tellement. Tiens! je vais vous faire part des plus récents. Le jour du lancement de mon microsillon et la surprise-party qu'on a fait pour moi lors de mon vidéo clip "Billy".

Et le plus mauvais, Julie?
Une journée que j'aimerais un jour pouvoir oublier. L'accident d'auto que j'ai eu il y a cinq ans alors que j'avais 15 ans. C'étais un grave accident. Nous étions quatre dans l'auto et les deux personnes assises à l'arrière ont été grièvement blessées. Pour moi, ce fut traumatisant et, juste à en parler, j'en ai encore des frissons. L'un était sans connaissance et l'autre ne pouvait plus bouger. Il s'était défait un disque de la colonne vertébrale. Moi, je m'en suis sortie indemne, même si j'avais quelques blessures à la tête, mais j'étais affligée de les voir dans un tel état. Je n'avais rien de grave comparé à eux, mais voir souffrir des amis, ça me faisais terriblement mal. Je me demandais s'ils étaient morts ou encore en vie. C'était épouvantable! Moi, j'étais saine et sauve, mais le sort de ces amis que j'aimais me bouleversait. Je tremblais de tous mes membres et jamais je n'oublierai ces instants qui me parurent interminables. Grâce à Dieu, ils s'en sont sortis, mais cet accident a brusquement marqué ma vie.