Natasha St-Pier dans le tourbillon de Paris

PARIS - La France a beau l'avoir rapidement adoptée, Natasha St-Pier avoue avoir eu, au début, un peu de mal à apprivoiser le rythme de vie effréné de Paris, la ville où elle passe désormais le plus clair de son temps. « Autant à Montréal c'est relax, autant à Paris c'est le tourbillon! » résume-t-elle.

On comprend facilement pourquoi. Pour la chanteuse néo-brunswickoise, Paris, c'est d'abord et avant tout la promotion, les entrevues, les radios, les plateaux de télé, les séances de signature d'autographes, les répétitions pour les concerts, et tutti quanti.

« Il y a un peu de cela à Montréal aussi, mais c'est beaucoup moins intense qu'en France, précise-t-elle. À Montréal, j'ai plus de temps pour ma vie personnelle: je passe du temps avec mon chum (l'animateur Sébastien Benoit), je décore mon condo... J'y mène davantage une vie de maison. »

Eh bien, n'en déplaise à son condo montréalais et à son chum, Natasha St-Pier n'aura pas beaucoup de temps à leur consacrer au cours des prochains mois. La chanteuse de 23 ans entreprenait en effet, au moment de notre rencontre en février dernier, une tournée monstre pour la sortie de son quatrième album, Un instant d’après. Un très long voyage qui la mènera, d'ici la fin 2004, dans une centaine de villes en France, en Belgique et en Suisse.

Des spectacles en Pologne, en Lituanie, en République tchèque, en Russie, en Espagne et peut-être au Mexique sont ensuite prévus. En tout, près d'un an loin de son Bathurst natal et de son autre ville d'adoption, Montréal. Difficile?

« Ça va. Avec le temps, on s'y habitue, avoue-t-elle, en esquissant un petit sourire en coin. Au début, il y a trois ans, l'éloignement était plus difficile à vivre. Partir deux semaines, c'était l'enfer. Maintenant, partir trois mois, c'est tout à fait normal. Ça fait partie de ma vie. Je sais que j'ai une chance en or de vivre ces expériences-là et j'essaie d'en profiter au maximum. »

L'histoire d'un succès

On le sait, la carrière française de Natasha St-Pier a connu une escalade fulgurante depuis ses premiers pas sur une scène parisienne à l’été 2000, dans la comédie musicale Notre-Dame de Paris.

Seulement quelques semaines plus tard, elle lançait son second album, À chacun son histoire (son premier en France), puis était invitée à assurer la première partie du spectacle de Garou pour sa tournée française, dont le départ a été donné en janvier 2001 à l'Olympia de Paris.

Son ascension est passée à la vitesse supérieure le jour où elle a été choisie pour représentera les couleurs de la France au prestigieux concours Eurovision. Elle terminera quatrième, place dont l'Hexagone ne s'était pas approché depuis longtemps.

« Quand on me l'a proposé, je ne savais même pas ce qu'était l'Eurovision », se souvient-elle.

« Tout ce que je savais, c'était que Céline Dion avait déjà participé. Je me suis lancée et ç’a été beaucoup de travail, pas mal plus que je pensais. Avec le recul, je suis consciente qu'à ce moment-là de ma carrière, l'Eurovision était une lame à deux tranchants: soit ça m'aidait, soit ça me nuisait. J'ai été chanceuse: ça m'a aidée. »

C'est d'ailleurs après cette quatrième place que tout s'est enchaîné. Les quatre soirs à l'Olympia, la première tournée en solo, son association avec l'auteur-compositeur Pascal Obispo (l'architecte de ses deux derniers disques), le prix de l'Artiste francophone de l’année aux NRJ Awards, le prix de la Révélation de l'année aux Victoires et la tournée en première partie de Johnny Hallyday.

La clé du succès

Face à l'engouement des Français, la chanteuse néo-brunswickoise n'a pas attendu longtemps avant d'élire domicile à Paris. Quelques mois après sa quatrième place à l'Eurovision, elle se louait déjà un premier appartement dans le 16e arrondissement, histoire d'être plus disponible pour le public et les médias français.

« C'est d'ailleurs, selon moi, un des facteurs clés du succès de Natasha en France, explique Claudine Bachand, sa comanager jusqu'à tout récemment. Depuis deux ans, elle est toujours là, disponible. J'ai vu tellement d'artistes québécois tenter leur chance en France sans succès parce qu'ils ne venaient faire de la promotion seulement une semaine ou deux à l'occasion. »

Quoi qu'on en pense, Natasha St-Pier refuse toutefois de prétendre que sa carrière en France et en Europe a priorité sur celle au Québec.

« Il faut être conscient que le Québec est beaucoup plus petit, se défend-elle. Faire le tour du Québec en promotion, ça peut prendre une semaine. Alors que faire le tour de la France en promotion, ça peut prendre plus de quatre mois.»

Entre les apparitions télévisées, les entrevues et les spectacles à Paris ou en région, il reste parfois un peu de temps à Natasha St-Pier pour profiter des nombreuses attractions de la Ville lumière. Elle a accepté de nous dévoiler quelques secrets- pas trop, quand même - de sa vie parisienne.

Son quartier

« J'habite dans le 16e arrondissement depuis environ un an et demi. C'est un coin que j'adore. J'y ai mon resto préféré, mon café préféré, mes petites habitudes. Maintenant, j'ai l'impression d'être chez moi à Paris, mais ça m'a pris du temps à m'habituer au style de vie, et à me retrouver dans cette grande ville. »

Une journée typique

« Il y a deux types de journées. D'abord, les journées où je fais de la promotion, qui sont très chargées. Je peux avoir jusqu'à dix entrevues par jour. Puis, il y a les journées de congé, plus rares, où je vais voir des amis, magasiner ou encore au cinéma. Ce qui est particulier en France, c'est que la vie est décalée par rapport à chez nous, au Québec, tout est plus tard. On se lève plus tard, on travaille plus tard et on se couche plus tard. Ça m'a pris du temps à m'habituer à cela. »

Ses amis

« Avec les années, je me suis fait beaucoup d'amis à Paris. Presque tous des Français. C'est très important, pour se sentir chez soi, d'avoir des gens avec qui sortir et faire des activités. »

Les endroits où elle aime flâner

« Il y a deux endroits où j'aime aller: le quartier Saint-Germain-des-Prés, pour les boutiques de vêtements, et les Champs-Élysées, parce que je suis restée un peu touriste (rires). J'aime aussi aller à cet endroit parce qu'on y trouve tous les cinémas et le Virgin Megastore, l'endroit idéal pour s'acheter un livre ou un disque. »

Les sorties

« Quand je sors avec des amis, on va en général au resto vers 21 h ou 22 h; on boit un verre là et on y reste toute la soirée. Je ne suis pas trop du genre à sortir en boîte, sauf quand Garou est en ville. Comme là, par exemple, Garou vient de passer trois semaines à Paris. Et pendant ces trois semaines, on est sortis une couple de fois! »

Les fans

« Les fans en France sont plus assaillants qu'au Québec. Et ce qui est particulièrement fatigant à Paris, c'est que presque tout le monde a un appareil photo intégré à son téléphone cellulaire, ce qui fait qu'ils veulent toujours prendre ma photo ou se faire photographier avec moi. Je dois avouer qu'il y a des moments où ça me tente moins... »

Les paparazzis

« Jusqu'à maintenant, je suis chanceuse, je n'ai pas trop d'ennuis avec les paparazzis - je touche du bois. Il m'est arrivé quelques fois de voir des photos de paparazzis dans des magazines ou encore un photographe m'attendre en bas de chez moi, mais jamais rien de méchant. » (Précisons à ce sujet que l'entrevue a été réalisée avant que le magazine Voici ne fasse état d'une possible relation amoureuse entre elle et Garou.)

le Journal de Montréal, 10 avril 2004